Un peu de Baie des îles
Les matins sont encore doux. Il n’est pas encore 9 heures que le soleil nous inonde de sa lumière. Je prends le ferry vers Russell, juste en face de Paihia. Vingt petites minutes de traversée. Je regarde Paihia s’éloigner et en face Russell devient de plus en plus perceptible. Dans la baie du port, les voiliers sont amarrés. Nous descendons de la navette avec cinq autres passagers. À Russell, le soleil est encore caché derrière les collines. L’air est plus frais. Depuis le ponton en bois, on peut déjà admirer ce petit village de maisons faites de planches blanches. Sur le front de mer, à l’abri des grands pohutukawa, le vent souffle légèrement. Je m’assois sur un banc quand le soleil parvient à dépasser la colline. Le petit klaxon des bateaux à leur arrivée dans le port se mêle au doux chant des oiseaux. Je regarde la plage de petits cailloux marron aux reflets rouges. En face, on voit Paihia, des maisons posées en haut des collines. J’aime me promener dans les rues à regarder ces bâtiments anciens. Connue autrefois sous le nom de Kororareka, Russell fut la première capitale du pays en 1840 à la suite de la signature du traité de Waitangi, qui se trouve juste en face dans la baie. Cela explique le charme de cette petite ville, qui a conservé ses bâtiments comme trace d’Histoire.
Après le déjeuner, je monte à travers la forêt jusqu'à un point de vue au-dessus de la ville. Dans la forêt, le vent fait bruisser les arbres, les oiseaux chantent. Arrivé en haut, la vue s’ouvre sur la baie, avec Paihia en face et Russell en contrebas. Le soleil est à son zénith. Je reprends le chemin vers Tapeka Point, dont on m’a parlé à l’auberge. Après trois quarts d’heure de marche, le sentier prend de la hauteur. Avec ce nouveau point de vue, je comprends enfin pourquoi on appelle cet endroit la Baie des îles. Depuis Paihia ou Russell, je ne voyais qu’une petite partie de la baie. Mais là, face à l’horizon, la mer s’étend à perte de vue, parsemée d’îles. Le nom prend tout son sens. En bas, les arbres sont accrochés à la falaise, l’eau turquoise de la mer se casse contre la roche. Je profite de Tapeka Point avant de repartir pour Paihia, sous la douce et chaude lumière du soleil.
Le lendemain, je pars découvrir les cascades de la région. Premier arrêt aux Haruru Falls. C’est une petite cascade. Les oiseaux chantent, ils semblent vouloir défier le tumulte de la cascade. Un petit arc-en-ciel apparaît. Sans doute un signe de partir vers mon autre arrêt de la journée, les Rainbow Falls. Vingt-sept mètres de chute. Au milieu de la forêt, le blanc de l’eau qui chute contraste avec la roche noire. J’aime cette beauté pittoresque. En bas, posée sur le rocher qui fait face à la cascade, une personne écrit sur son carnet. Sous ces arbres immenses, je marche : bruissement des branches et murmure de l’eau qui tombe bercent mes pas. Le ciel se couvre. Comme dernier arrêt de la journée, je pars vers Waitangi, pour un peu d’Histoire. C’est là, en 1840, que fut signé le traité fondateur entre les chefs maoris et la Couronne britannique, qui a donné naissance à la Nouvelle-Zélande. Aujourd’hui, Waitangi est un lieu de mémoire, où se célèbre la naissance du pays et s’apprécient les traditions ancestrales. J’y assiste à un spectacle sacré maori, entre chants vibrants et danses envoûtantes — un instant gravé à jamais. Cet endroit rappelle, plus que jamais, que la Baie des îles est un trésor, tissé d’histoires maories et coloniales. Peut-être est-ce cette beauté même qui, il y a quatre cents ans, a fait dire aux premiers explorateurs d’Europe : voici un pays magnifique.