L’appel des dauphins
Le soleil est paisiblement caché derrière les nuages en ce début d’après-midi. Les mouettes crient dans le vent qui les emporte. J’attends tranquillement 14 heures. L’heure venue, j’embarque dans le bateau pour une petite escapade maritime. Je monte en haut du bateau, pour profiter du soleil qui se dévoile de derrière les nuages. Le vent est plus fort en mer. L’air frais caresse mon visage. J’admire le paysage, ces côtes de collines verdoyantes, la mer au bleu profond. D’un coup, on ralentit. Et voilà qu’ils apparaissent au loin. Leurs ailerons au-dessus de l’eau trahissent leur présence. Ils s’approchent avec grâce, glissant sous la surface brillante. Tandis que certains nagent droit vers nous, d’autres s’élancent dans le sillage du bateau, jouant avec les vagues. De chaque côté, ils s’amusent, tournent, plongent — insouciants et curieux, comme s’ils dansaient autour de nous. C’est incroyable de voir des dauphins en vrai. On repart tranquillement, le capitaine remet les gaz. Les dauphins continuent à nous suivre, ils accélèrent mais finissent par partir pour se laisser admirer par d’autres chanceux.
Après cette parenthèse pleine de poésie, nous poursuivons notre voyage au milieu des îles, petits bouts de roche posés sur l’eau sur lesquels des arbres ont miraculeusement poussé. Cette harmonie des couleurs, du vert de la végétation, du noir de la roche et du bleu de la mer crée une peinture à trois cent soixante degrés, dont on ne se lasse pas. On navigue entre les îles, chacune cachant de petites criques et des prairies verdoyantes. Nous ralentissons pour nous engager doucement dans le passage étroit entre deux îles. Ce sont les dernières avant l’océan. Au loin, le Pacifique à perte de vue. On prend le large. Le soleil brille dans le ciel bleu. Le vent est plus fort, plus froid. On passe à côté d’un petit rocher posé au milieu de l’océan. Des mouettes par dizaines sont posées là, à crier. Au milieu de tous ces volatiles, une otarie bronze sur le rocher tandis que sa copine s’amuse dans l’eau. C’est drôle de voir ces animaux ensemble. Juste là, au milieu de l’océan. Peut-être que c’est ça, la vie : profiter de ce qui est là, apprécier le soleil qui réchauffe, admirer ce que l’on peut voir avec nos yeux, ce que l’on peut entendre avec nos oreilles et ce que l’on ressent dans nos corps. Quelques minutes plus tard, nous nous approchons d’un autre rocher, immense cette fois. Haut de cent cinquante-deux mètres, les arbres s’attachent avec ténacité à cette falaise de basalte. Ce qui fait la célébrité de ce rocher, c’est le Hole in the Rock, cette arche formée naturellement, comme une porte ouverte vers l’océan. On admire ce rocher, on photographie cette ouverture sculptée par la mer. Le bateau s’engage dans l’arche, on contemple l’intérieur de cette arche impressionnante. On en fait le tour pour le voir sous tous ses angles, puis on repart.
On longe la côte, la pointe du Cap Brett. Un phare blanc, la maison du gardien, blanche au toit rouge, posée au milieu de nulle part, face à la mer, puis ces immenses forêts. Nous débarquons sur l’île d’Urupukapuka. Nous avons un peu moins de deux heures pour profiter de l’île. Je me dirige vers Sunset Bay pour un petit plongeon. L’île est magnifique. Le petit chemin s’élève au milieu d’une prairie verdoyante d’où l’on peut admirer la baie. Quelques moutons habitent ici, personne ne vit sur cette île. Je marche tranquillement, mais quand même d’un pas pressé. Il n’y a pas de bruit, c’est si agréable. Quoique… le soleil, cette lumière, semble murmurer que la vie est belle. Je m’engage dans une petite forêt, jusqu’à ce que la petite plage se découvre. Petite plage de sable fin, face à d’autres îles, je m’y baigne. L’eau est un peu froide mais ça me détend. Le soleil devient doré. Dans ce calme absolu, je me surprends à penser à quel point la vie peut changer. Il y a un an à peine, je stressais à l’idée de rater le métro et d’arriver en retard à un cours sur l’histoire des économies hellénistiques. Et me voilà maintenant, à calculer le temps qu’il me reste pour attraper le dernier bateau vers l’auberge. La vie est belle. Mais il est déjà l’heure de repartir. Je profite de la tranquillité de l’île avant de rembarquer dans le bateau. Sur le chemin du retour, le vent souffle, le soleil se couche dans la mer en donnant ses dernières lueurs dans un ciel éteint.