Escapade capitale

Dernière ligne droite avant d’atteindre le point le plus au sud de l’île du Nord, Wellington. Après le Tongariro Crossing lundi, j’ai repris la route mardi avec pour seul objectif d’arriver mercredi dans la capitale. Après quelques heures de voyage, j’ai trouvé un endroit charmant où passer la nuit, Waikanae Beach. Cette petite ville à environ une heure de route de la capitale, aux petites villas cachées derrière la végétation, me rappelle le Cap Ferret. Je me suis arrêté sur un camping où seule la dune nous sépare de la mer. Pendant la nuit, les étoiles dans le ciel, le bruit fracassant des vagues de la mer. Au réveil, quelques pas et la plage, face à l’île de Kapiti. Rien de mieux pour débuter la journée. Je reprends la route, direction la capitale.

Jeudi matin, pour commencer à découvrir la ville, je décide de prendre un peu de hauteur en partant pour le mont Victoria. Je marche le long des quais où il fait déjà une chaleur de plomb. Puis je prends un escalier, assez peu large, qui me fait quitter en un instant le vrombissement des moteurs. C’est comme si j’entrais dans un petit village où le calme des maisons se laissait bercer par le chant des criquets et le bruit du vent dans les feuilles des lauriers-roses. Je continue à gravir ces escaliers ardus. Arrivé à leur sommet, de très élégantes maisons de l’ère victorienne, aux façades en brique rouge ou en bois blanc, se laissent regarder dans le calme de la rue. Mais la montée n’est pas finie. Quelques pas plus loin, on peut voir à l’horizon la très prisée plage d’Oriental Bay, et même déjà une partie de la ville. La montée se poursuit ensuite dans une forêt de pins, sous le chant insouciant des criquets qui admirent sous l’air frais des arbres le bleu de la mer qui colore leur seul horizon. Après une demi-heure de marche, j’arrive au sommet. De là-haut, la ville se dévoile dans toute son étendue, ses rues s'entrelacent et la mer qui l’entoure se laisse apprivoiser du regard. De l’autre côté, on voit les avions décoller et atterrir. De part et d’autre, la ville est prise entre ces montagnes arborées qui l’entourent. Je redescends pour profiter de la ville.

Ce qui est frappant à Wellington, c’est de se sentir dans un autre monde. Se promener dans Cuba Street, c’est se sentir dans un endroit où toute la planète est réunie dans sa plus grande diversité. Les gens sont différents, plus ouverts, plus eux-mêmes, plus exubérants, plus vivants. Cette rue laisse transparaître une certaine gaieté, elle vous donne comme une nouvelle liberté. Les bâtiments de tous les styles, certains défraîchis, d’autres très élégants, rappellent l’âme de cette rue dont la beauté réside dans le mélange des genres. On est tout ce que l’on est et on peut tout devenir, comme ce batiment de la banque nationale devenu un bar. On se mélange, et on a envie de rencontrer et de découvrir de nouvelles choses. Sur les pavés rouges, les pas de ces gens qui rient et qui aiment comme seule trace indélébile. Les restaurants vous embarquent chacun d’eux aux quatre coins du monde. On a envie de découvrir le monde. À Scopa, j’ai dégusté une très bonne pizza le mercredi, puis bu un délicieux chocolat chaud et dévoré le meilleur tiramisu de ma vie le samedi. À Hei Hei, restaurant de fusion asiatique, je me suis laissé emporter le jeudi puis le samedi dans une exploration de nouvelles saveurs - en essayant de me servir des baguettes, ce n’est pas gagné.

J’aime me promener sur Cuba Street, puis marcher Lambton Quay, à l’abri des arbres et des arcades. Ici aussi, le temps semble être moins pressé. Un musicien joue du saxophone camouflé d’un déguisement de feuilles vertes au milieu des plantes, que seul son instrument trahit sa présence. Seuls les feux rouges pour les piétons qui font le haka m’arrêtent dans ma lancée. Au détour d’une petite rue, j’embarque dans le funiculaire rouge qui m’amène tout en haut de la ville. Le voyage est rapide, les tunnels qui enveloppent son chemin à certains endroits se parent d’un joli jeu de lumières. Tout en haut de la ville, un nouveau joli panorama. La mer au loin, le mont Victoria, et la ville qui se dessine avec ses grands buildings. Je redescends tranquillement par le jardin botanique, joli havre de paix, qui lui aussi laisse voyager aux quatre coins du monde : des forêts arides d’Australie à des essences européennes, du jardin des roses à celui des gardénias, un spectacle de douceur. C’est une promenade à Zealandia, une grande réserve naturelle, qui me ramène le samedi en Nouvelle-Zélande. Le sentier se perd dans l’immensité d’une forêt tournée sur un grand réservoir d’eau, qu’on se croirait loin de tout. Les oiseaux volent et chantent en liberté. Les reptiles tentent de se fondre dans les feuilles qui jonchent le sol. Le vent souffle et fait légèrement danser la surface du lac par de petites ondulations qui font à leur tour danser les reflets du rayon du soleil. D’un endroit à un autre de la ville, l’atmosphère est différente, je me sens transporté d’un endroit à un autre, si loin, et pourtant non, c’est Wellington.

Je me promène le long des quais. Le soleil brille, le vent rafraîchit la chaleur qu’il impose. Un matin, le calme des quais ordonné par les mouettes et rompu par les spectateurs venus soutenir les participants à la course de dragon boats, ces longs bateaux d’origine chinoise où plus d’une vingtaine de personnes rament le plus vite possible. Je profite de mon temps dans la capitale pour en découvrir plus sur le pays. S’il ne paie pas de mine de l’extérieur, le musée national Te Papa raconte avec finesse l’histoire de ce pays qui a commencé à se dessiner il y a quatre-vingts millions d’années. Je ressors de ce musée un peu plus cultivé. Assez au moins pour pousser le lendemain les portes du parlement néo-zélandais. Élégant, mais relativement sobre, il est à l’image des Kiwis : simple mais sincère. Je quitte Wellington avec des images, mais surtout des sensations, des vibrations. J’ai beaucoup aimé cette ville. J’y retournerai.

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