Du Cap Reinga à Ninety Mile Beach

Cette nuit-là, je n’ai jamais vu autant d’étoiles briller. Elles inondaient le ciel de leur lumière d’il y a des centaines de millions d’années. Une rivière d’écume céleste s’étire dans toute sa splendeur. Le bruit des vagues et le bruissement des arbres font chanter les étoiles. En ce bout du monde, où les âmes s’envolent vers l’éternité, chaque étoile semble être l’écho d’un cœur éteint mais dont la lumière brille éternellement. Au-delà du rocher, là où mer et ciel s’unissent dans l’infini, Hawaiki [la terre mythique des ancêtres dans la culture maorie] semble être ce ciel de lumière céleste, là où les ancêtres, tels des étoiles, éclairent le chemin des vivants, guides silencieux vers l’éternité. On est si petit. Le spectacle est grandiose. J’admire les étoiles avec Tushar que j’ai rencontré au cap. Originaire d’Inde, il vit depuis sept ans en Nouvelle-Zélande. Nous sommes circonspects. Ici, plus qu’ailleurs, le ciel brille de ces étoiles, éclatantes et nombreuses, qui illuminent la nuit d’une beauté simple et profonde.

Nous nous réveillons à 6h30. Nous avions prévu d’aller voir le lever de soleil au cap. Mais les nuages obscurcissent l’horizon. Changement de programme. Je me jette à l’eau pour une baignade matinale. Il fait un peu froid, le vent souffle légèrement, mais l’eau n’est pas si froide. Tushar me rejoint quelques minutes plus tard. Le campement dort encore. Les nuages progressivement s’en vont au fur et à mesure que le soleil se lève. Cette baignade a quelque chose de magique. L’eau est turquoise, un turquoise encore plus profond qu’en plein jour. Le vert des collines s’éclaircit peu à peu. Inoubliable. Nous revenons au cap. Le ciel est d’un bleu immaculé. Dernières photos de cet endroit qui change au gré de la couleur du ciel. Vingt kilomètres plus au sud, nous nous arrêtons aux Dunes de sable géantes. Un immense désert face à l’océan. On pourrait vraiment s’y perdre tant il est grand. Du sable à perte de vue. Plus on avance, plus on ne sait plus où on est. Les dunes sont colossales qu’il est difficile de les monter. Tout en haut, on voit au loin l’océan. À gauche, les autres dunes. Et en bas, la rivière qui sépare ces deux déserts et qui sert de route d’accès à Ninety Mile Beach. Ce changement de paysage est vraiment fou. Passer de montagnes aux versants verdoyants à des montagnes de sable posées juste là au bord de l’océan.

Nous reprenons la route. Nous faisons un arrêt à Pukenui pour manger. Enfin un vrai repas. Puis à Waipapakauri, nous tournons vers la mer. Tushar pose sa voiture et monte dans mon 4x4. Nous nous élançons sur la petite route de sable et nous voilà sur la plage de Ninety Mile Beach. Cette plage est une route officielle qui longe la mer de Ahipara aux dunes géantes sur quatre-vingt-dix kilomètres. Quelle drôle de sensation de conduire sur la plage ! Des gens se sont arrêtés pour pêcher. Nous continuons un peu à rouler, avant de faire demi-tour. Une sacrée expérience, c’était vraiment fun. Nous ressortons de Ninety Mile Beach. Je dis au revoir à Tushar qui repart vers Paihia, puis Auckland. Je recroise en même temps Denis, qui part sur son vélo vers Taupo Bay. Je reste sur la côte est, direction Ahipara.

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