Allez on se Cass’ !
La pluie tombe sur Auckland ce dimanche. Ce jour-là, je retrouve Cassandre, arrivée en Nouvelle-Zélande deux semaines plus tôt après avoir visité le Canada et les Fidji. On avait prévu de passer la dernière semaine ensemble pour faire un road-trip dans le Northland. Je connais déjà très bien la région puisque j’y suis resté un mois, mais je suis trop content de repartir avec elle. À travers la fenêtre qui donne sur la rue, je la vois arriver avec le van blanc — sa « titine », notre maison roulante pour la semaine. On se fait un câlin. Un petit bout de France entre mes bras. On se pose au café de l’auberge où on discute pendant des heures. Linge lavé, pâtes et riz cuits, van un peu ordonné, et nous voilà prêts à partir. On fait un arrêt au supermarché pour se ravitailler. On file vers Marsden Point. Deux heures de route, puis le campement pour la nuit : sous un arbre, face à la baie… et au port industriel. Mais c’est sympa. Dans le lit, on s’affaire à organiser la semaine. On change, on rechange. Beaucoup de temps pour trouver, mais au moins une soirée mémorable.
Le lendemain matin, on prend le petit-déjeuner en plein soleil, face à la baie. Je prends le volant, direction la forêt de Waipoua. Je roule comme un pied ce jour-là dans les virages serrés de la forêt. Cassandre s’inquiète pour nos vies. Sur la route, de magnifiques arcs-en-ciel se laissent admirer. On en verra, je crois, tous les jours de la semaine. On admire ces grands arbres. Cassandre lave ses chaussures à chaque station de désinfection, comme un petit rituel. Ça me fait rire. On admire encore ces pères de la forêt, puis on reprend la route vers la péninsule de Karikari, juste avant la longue ligne droite qui mène au Cap Reinga. La route est toujours aussi belle, déroulée entre ciel et mer. Pour la nuit, on s’installe face à l’océan, dans l’herbe que le vent agite sans cesse. La lumière tombe doucement. On dîne de notre habituelle salade concombre-tomate avec du riz. Et puis, on improvise une soirée disco avec l’autoradio qui clignote de toutes les couleurs.
Pendant la nuit, le vent souffle, la pluie tombe en trombe. Ce mardi, direction Kaitaia, avant de prendre la route vers le Cap. Mais la voiture ne démarre pas. Panne de batterie. Heureusement, notre petit ange gardien qui passe ses vacances avec sa famille sur le campement nous vient en aide. Sous la pluie, il sort son kit de recharge de batterie, et le moteur vrombit à nouveau. Soulagés et en même temps un peu inquiets d’arrêter le moteur à nouveau, on roule. On fait un petit tour au musée de la ville où on apprend des choses intéressantes sur la région, puis on va manger une pizza dans le café où j’avais pris le goûter avec Annaëlle et Daniel. Puis on prend la route vers Cap Reinga. Il pleut des cordes, c’est la tempête. Petit à petit, la pluie cesse, le ciel se dégage et on réécoute les matinales de RadioCampus qu’on a faites en deuxième année à l’ESJ. On arrive au phare, le ciel un peu dégagé, puis on va au campement que j’avais adoré. Là, on prend une douche froide mais qui fait du bien, avant de sortir nos chaises de camping et de prendre l’apéro face à la colline. Le ciel se pare de magnifiques couleurs. Encore un arc-en-ciel. On discute, les mots filent doucement avec la nuit, le temps passe — encore une soirée simple, belle, comme les autres, mais unique à sa manière. Et puis, dans l’obscurité, un bruit nous fait tendre l’oreille : quelque chose remue dans la voiture. Un opossum. Il fouille, cherche à manger. Il s’approche sans gêne, attiré par nos bretzels. Cette drôle de scène nous fait rire.
Mercredi, après une halte aux dunes géantes, puis un passage par Mangonui et Taupo Bay, on s’arrête à Whangaroa pour la randonnée de Saint Paul’s Rock. La montée se fait en s’agrippant à des chaînes. Le chemin est boueux à cause de la pluie. Au sommet, la vue s’ouvre, grandiose : la mer s’étire, teintée de marron par les pluies récentes, et les terres avancent doucement, comme des bras qui cherchent à embrasser l’océan. On se réveille à Matauri. On est face à la mer, le soleil se lève doucement. On entend depuis le van le bruit des vagues. Quelle douce matinée. C’est calme. Cette plage de sable blanc qui s’étend, cette eau bleue qui reflète le ciel. On reprend la route vers Paihia. À nouveau le petit camping avec vue sur la mer, les chaises de camping et le soleil qui se couche, en buvant du smoothie.
Après Paihia et Russell, ce vendredi, on part pour Matapouri, une petite baie légèrement fermée à l’abri du vent. Avant que le soleil ne se couche, on fait une petite randonnée, entre les arbres, des champs d’herbe et la mer. J’ai encore le malheur de m’exclamer pour la énième fois tout haut : « C’est magnifique ! ». Ça fait rire Cassandre. Au réveil, face à la baie, le ciel bleu. Le petit déjeuner sur le sable, puis on se jette à l’eau. Je n’y reste pas longtemps, mais Cassandre s’éclate avec les vagues. Elle me fait rire à sauter les vagues qui parfois la surprennent. On part pour Whangarei : on mange une pizza, on se ravitaille (surtout Cassandre qui achète une dizaine de chocolats Whittaker’s pour les ramener en France car elle les adore). Pour notre dernière nuit, on boucle la boucle : on redort à Marsden Point. Dimanche, dernières heures avant que Cassandre ne reparte. On rentre à Auckland, on savoure une kiwi pie, puis on nettoie le van avant de le rendre. J’embarque Cassandre dans ma voiture, direction l’aéroport. Ça fait drôle d’y revenir — je n’y avais pas remis les pieds depuis mon arrivée en janvier. Déjà l’heure des adieux. Tout est passé si vite. Un dernier câlin, elle s’éloigne. Je reprends la route. Le soleil m’éblouit, et une larme coule doucement, emportant avec elle tous ces souvenirs qui dansent dans ma tête.