1 500 km du nord au sud

Un dernier au revoir à Antonio. Il n’est même pas encore 8 heures que déjà je monte dans ma voiture. Ce mardi, c’est un grand jour. Le début d’un long périple pour rejoindre Queenstown. Quatre jours, mille cinq cents kilomètres. L’occasion de redécouvrir l’île Nord, et d’apprécier l’île Sud. Avant de partir, comme une impression de quitter ma maison pour un pays lointain, un autre monde.

Ces quatre jours de trajet me mènent d’abord à longer le lac Taupo, puis le Tongariro avant de rejoindre Wellington, la première journée. Déjà plus de sept cents kilomètres parcourus, plus de dix heures de route. J’avais déjà visité l’île Nord, mais j’ai réussi à découvrir plein de routes que je n’avais encore jamais prises. Arrivé à Wellington, épuisé, je m’endors très vite. Le mercredi, je me réveille tard, mais ce n’est pas grave : j’ai fait exprès de prendre le ferry de 16 heures. Je profite du temps que j’ai pour me promener dans la capitale. Avant de monter dans le ferry avec ma voiture, un peu de palpitations, cette sensation que je pars pour un autre pays. La traversée est belle. Il fait encore jour quand on quitte la baie de Wellington, et peu à peu les collines qui plongent dans l’eau se taisent dans l’obscurité. Au loin, déjà, les côtes de l’île Sud apparaissent, éclairées au soleil couchant. On débarque à Picton à la nuit tombée. Je mange mon petit pique-nique et je m’endors dans ma voiture.

Ce jeudi, c’est mon premier réveil sur l’île Sud. Je regarde la baie de Picton que je n’ai pas vue la veille au soir. C’est joli. Mais je ne tarde pas à reprendre la route — il me reste du chemin. Sur cette île, les paysages changent. D’abord, des montagnes arides, rudes et silencieuses. Puis viennent les vallées douces où pousse la vigne, et à l’horizon, des cimes poudrées de neige. À un moment, la mer surgit à ma gauche, vaste et paisible, tandis qu’à droite s’élèvent les montagnes blanches à leur sommet. Tout est grandiose. Et puis, au bout de la route, j’arrive à Christchurch.

9 mai. Un nouveau jour. Direction Queenstown. J’avais eu un temps radieux pendant ces trois premiers jours sur la route, mais ce jour-là, il ne cesse de pleuvoir. Je quitte la route 1 que j’ai empruntée depuis Auckland pour prendre la 8. La route est plus sinueuse. Sous la pluie, de grands champs défilent. Puis, au détour d’un virage, le lac Tekapo apparaît, d’un bleu clair presque irréel. Le ciel est si bas et brumeux qu’on ne distingue plus l’eau de l’horizon. Une courte pause, le temps d’un repas, et je poursuis ma route. Je fais un nouvel arrêt au lac Pukaki. L’eau est d’un bleu glacé. Les sapins sombres bordent ses rives, les sommets enneigés veillent au loin, dissimulés derrière le voile de la brume. Le froid me saisit autant que ce que j’admire. Le paysage semble sorti d’un rêve. Dans cette immensité, le silence donne de la profondeur à ce paysage. On devrait voir Aoraki (mont Cook), là-bas… Mais aujourd’hui, il se cache. Ce n’est pas grave, comme ça aussi, c’est magnifique. La route serpente encore entre les montagnes. Des lacs surgissent ici et là. Les cimes enneigées s’élèvent, immenses, figées dans le silence. Puis vient le Lindis Pass, un col couvert d’herbe dorée, balayée par le vent, sublime dans sa simplicité. Le soleil descend à l’horizon. La lumière rase la roche, et la route, accrochée à la falaise, me cache parfois les derniers éclats du jour. Je quitte la route 8 pour la 6. Les derniers kilomètres s’étirent. Puis, enfin, Queenstown.

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