300 km sur la Pacific Coast Highway
Le soleil levant me tire des bras de Morphée. Je lève un peu la tête. À travers le pare-brise, la plage, l’océan et les couleurs rose-orange du ciel que le soleil réveille doucement. Je prends le temps pour laisser mes yeux s’habituer à la lumière. Je regarde la vue. Je sors de la voiture et je me mets à marcher sur la plage. Très longue plage. C’est agréable d’entendre le bruit des vagues dès le matin, et de sentir petit à petit le soleil monter dans le ciel. Je quitte Waihi après avoir pris mon petit-déjeuner dans un café. La route est belle entre les champs et les forêts de fougères au vert tendre. Il fait beau, encore la douceur de l’été en cette chaude matinée. Je m’arrête d’une manière un peu impromptue à Whiritoa au bout de vingt minutes de route. Quelques pâtés de maison, et au bout, l’océan. Je me gare sur l’herbe, abrité par la végétation, face à la mer. Ici aussi la plage est grande, encore plus grande qu’il n’y a personne. J’atteins Whangamata vers 13h30, soit quarante kilomètres depuis Waihi en quatre heures - je passe trop de temps à profiter des plages. Une pause pour manger et encore profiter quelques instants de la plage face à la colline qui protège le port et à regarder les oiseaux huîtriers chercher leur repas du jour dans le sable. Nouvel arrêt à Opoutere. Petit hameau hors de la route principale, aucune raison de m’arrêter. Je suis la route étroite qui longe une baie un peu fermée de l’océan par la montagne. Je m’enfonce sans savoir où je vais. Je m’arrête puis je marche dans la forêt. La plage se dévoile. Immense et sauvage, je me sens privilégié d’être là. Des enfants se baignent, des surfeurs affrontent les vagues. Je trempe mes pieds dans l’eau, puis je marche un peu. Quelle sérénité. Je repars pour Tairua où je compte y passer la nuit. J’y arrive vers 18 heures. Je dîne sur une table installée sous des arbres au bord de la plage, face à la colline posée sur la mer qui ferme la baie. Je la monte au moment du coucher de soleil. La vue est magnifique.
Mon réveil sonne à 5h40. Direction Cathedral Cove pour le lever du soleil. Quarante minutes de route, puis trois quarts d’heure de marche pour atteindre le rocher. Je marche dans une forêt qui se réveille. Les fleurs violettes tapissent les bords du chemin. La vue sur l’océan en contrebas est magnifique. Je descends les escaliers, derniers pas d’une longue promenade, dernières marches avant qu’une plage se découvre derrière les branches et feuilles des arbres. Les pieds dans le sable, je me retourne, et le voilà, ce rocher creusé par l’infatigable danse des vagues. Plantés en son sommet jusqu’au-dessus de l’océan, des arbres tenaces ont fait du rocher leur demeure. Une demeure qui raconte le temps qui passe, le changement comme une vague infinie, une demeure dans laquelle l’océan murmure dans l’écho de l’arche que même ce qui semble immuable finit toujours par changer. Je reste longtemps sur cette plage à admirer de tous les points de vue cet endroit. La lumière du soleil est encore douce. Je marche, le sable est encore froid. Les mouettes s’y disputent. Je m’endors, seul. Je repars, heureux d’avoir pu profiter de cet endroit dans une profonde solitude. Je reprends la route pour un peu plus au sud, direction Hot Water beach, à dix kilomètres de là. Une plage immense où des gens pourtant s’attroupent tous au même endroit, tous à la recherche de l’eau réchauffée par une poche volcanique sous la terre. Un spa naturel sur la plage face à l’eau froide de la mer. Je préfère la mer, les pieds dans l’eau froide. Je marche jusqu’au bout de la plage où il n’y a personne, juste des mouettes. Je rebrousse chemin. L’eau chaude qui s’écoule vers la mer me brûle les pieds. Je profite d’un bain dans l’océan aux reflets turquoise. Le vent, en souffles légers, soulève les vagues, tissant un voile de brume claire qui danse à la surface de l’océan. Sur la route, la pluie tombe au loin sur les collines effacées dans les nuages. Un nouvel arrêt à Whangapoua sur une plage déserte. La route rentre dans les terres après avoir longé la côte, mais les collines nous font prendre de l’altitude. Je m’arrête sur une aire de repos qui donne une vue imprenable. De cette péninsule, on peut voir la mer des deux côtés, et ce bout de terre caché sous la forêt semble comme cerné par la mer. En contrebas, j’aperçois ma destination pour la nuit : Coromandel.
Dernier jour de mon road-trip, derniers kilomètres de mon périple. Sur cette côte-là aussi, la Pacific Coast Highway est fantastique. Étroite, sinueuse, sous les arbres, juste au niveau de la mer, la route offre un magnifique panorama. Là, des petites criques en roche noire, ici, des pêcheurs sur une plage de petits cailloux qui attendent que des poissons mordent à l’hameçon. Je m’arrête à Thames pour manger. Je longe la côte, mais cette fois de l’autre côté de la péninsule. Seulement vingt kilomètres de mer séparent ces deux bouts de terre, où la mer semble avoir pénétré la terre. Comme seul horizon, des étendues marécageuses, une plage de sable blanc. Je poursuis mon chemin, sur cette petite route qui tantôt m’emmène dans une magnifique forêt de fougères, presque mystique, tantôt au bord de la plage. Une pause à Orere Point au bord de la mer, puis à Mareatai, sur une de ses plages. J’aperçois un volcan au loin, c’est Rangitoto. Et en face l’île qui semble s’étaler, c’est Waiheke. Surpris d’être déjà arrivé, après avoir découvert tant de terres inconnues, retrouver des endroits que je connais me surprend. Quelle drôle de sensation. Je sors de la Pacific Coast Highway, magnifique route aux paysages inoubliables. La route en montée offre un large panorama. Le soleil éblouissant de la fin de la journée illumine l’horizon. Au loin, si petite, la Sky Tower. Auckland, me revoilà.