Perchés à 328 mètres de hauteur

Un peu de nouveauté, après sept jours sans avoir écrit… Il faut dire qu’un voyage implique toujours beaucoup de temps de préparation qu’on ne montre jamais. Ce sont ces longs moments à penser, à organiser pour transformer ce rêve en réalité. Evidemment au cours de cette semaine, j’ai passé une bonne partie du temps à créer le blog, à me lancer dans la recherche d’un job, et à faire le tour de toutes les plateformes d’achat de voitures qui existent ici. J’aime passer du temps à organiser, à concevoir des plans pour mes projets… c’est excitant de pouvoir mener à terme ce que l’on désire. Cela paraît presque évident, mais ça n’a pas toujours été si simple pour moi. J’ai toujours eu peur de me lancer, de concrétiser ce dont j’avais vraiment envie. Aujourd’hui, j’ai encore des doutes — une maladie dont le plus gros symptôme est de se poser sans relâche des questions, et ce, à n’en plus finir, et qui vous donne l’impression que c’est trop dur et qu’il vaut mieux s’arrêter —, mais je comprends petit à petit que derrière ce mirage de montagne d’interrogations et de peurs se cache une petite fontaine avec tous nos rêves qui coulent doucement et qui ne demandent qu’à être réalisés, dans la plus grande simplicité. Un mirage de doutes qui parait plus grand que tout, et pourtant pas plus grand que l’ombre du soleil, c’est vous dire. Un mirage en tout cas indubitablement plus petit que les trois cent vingt-huit mètres de hauteur de la Sky Tower.

Après avoir gravi presque tous les monts d’Auckland, il me restait donc un point de vue, et pas des moindres, le plus haut de tous : la Sky Tower. Un point important de ma liste de choses à faire avant de partir d’Auckland. Rendez-vous est pris ce mercredi avec Antonio pour partir au sommet à 9h. Vous vous doutez bien qu’il est arrivé en retard… de presque une heure. La journée des records peut commencer*. Après cinq petites minutes de marche depuis mon auberge, nous voilà au pied de la tour. On paie, on se fait prendre en photo, puis on monte dans l’ascenseur. Plus haut point de vue, mais la montée est paradoxalement beaucoup moins sportive que toutes les autres. En moins d’une minute, nous voilà projetés au cinquante-troisième étage de la tour, après avoir admiré de manière très rapide la vue qui défilait à la verticale. Les grandes baies-vitrées qui font le tour à trois cent soixante degrés de la ville offrent une vue unique. Nous sommes au-dessus de tout, plus haut même que ces buildings qui semblent nous écraser lorsque nous sommes à leur pied. On se laisse facilement absorber par cette vue dominante, presque apaisante. Tout semble si petit. Tout semble si insignifiant. Ces gens qui marchent dans la rue en pensant à leurs problèmes. Ces voitures qui foncent à toute vitesse pour passer au feu vert. Comme si prendre de la hauteur prenait tout son sens, ou plutôt, tous ses sens. Face aux buildings, au loin, Devonport, et la silhouette de Rangitoto qui se dessine à l’horizon. Un peu plus à l’est, le parc Albert, puis le mont Eden, et encore au loin, avec son obélisque, One Tree Hill. Au sud, le mythique Eden Park. Au quart nord-ouest, le Harbour Bridge. La ville s’étend à perte de vue, l’océan et au loin dans les terres, les montagnes se dressent, fermant paisiblement l’horizon.

Je regarde les rues que j’emprunte quotidiennement. Du sommet de la tour, les passants se fondent en un ballet d’éphémères, tissant sur le goudron brut et impassible une poésie silencieuse. Le sol en verre nous laisse apprécier les courbes de la tour. On n’y reste pas longtemps, le vertige nous prend rapidement. Après avoir fait le tour du cinquante-troisième étage, nous montons pour le soixantième. L’ambiance est plus feutrée, l’espace plus resserré, la vue toujours aussi époustouflante. Plus haute tour de l’hémisphère sud, construite en 1996, symbolisant la puissance d’un pays qui s’est prodigieusement modernisé dans les dernières décennies du XXème siècle, elle s’impose aujourd’hui au milieu de la ville comme un symbole, comme si elle avait toujours été là. Difficile à croire qu’il y a encore trente ans, elle ne dominait pas la ville, tant elle est désormais aujourd’hui incontournable, comme une boussole lorsque l’on se promène dans le centre. On regarde avec les jumelles ce que raconte la ville. On s’assoit sur le banc, on regarde la vue face au Pacifique. On redescend au cinquante-quatrième étage, pour profiter d’un cappuccino. Deux hommes intrépides s’émerveillent de la vue de l’autre côté de la vitre. Nous l’admirons avec Antonio assis sur une chaise. Puis nous redescendons, aussi vite que nous sommes montés. Après deux heures et demie passés au sommet, nous partons pour un restaurant français, avant de profiter du parc pour quelques parties de Uno. Peut-être qu’une prochaine fois, nous aurons l’audace de sauter des trois cent mètres de la Sky Tower comme certains l’auront fait ce jour-là.

*note à Antonio : “qui aime bien châtie bien”

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