Méditation sur ma vie à Queenstown
Cela fait bientôt trois semaines que je suis arrivé à Queenstown. J’aime cette petite ville, ces canards qui s’amusent sur l’eau du lac, ces montagnes sur lesquelles les derniers rayons du soleil se couchent, ces forêts de sapins, ce vent glacé, cette douceur de vivre. Je me sens bien ici. À l’image de cette douceur de vivre qui règne ici, je pensais que m’installer se ferait avec la même légèreté. Mais trouver du travail s’avère être une longue aventure. La première semaine, je sème mes candidatures un peu partout dans la ville, comme un paysan jette ses graines en espérant qu’elles poussent. J’écris mes lettres de motivation et j’en envoie en ligne le matin, et l’après-midi, je vais les déposer en main propre dans les commerces et hôtels. Je finis par décrocher un entretien la semaine suivante pour un job qui me tentait beaucoup : fabriquer des glaces. La manager est super sympa, l’équipe est jeune et dynamique, le job, vraiment fun. J’y crois. Mais la date d’expiration de mon visa aura raison de ce job pas comme les autres. La deuxième semaine avance tandis que mon espoir s’amenuise peu à peu. Je me sens nul. Et puis tout ça est aussi plus compliqué parce que je me sens seul. Ma famille me manque, mes amis aussi, et je me sens distant des gens qui m’entourent. J’ai du mal à parler. À aller à la rencontre. Pourtant, ils ont l’air sympas. Je me sens submergé par l’échec, un échec profond qui brûle au cœur.
C’est souvent au creux des moments les plus sombres que l’espoir se fait sentir à nouveau. Une lumière douce, toujours là, discrète, qu’on oublie parfois, mais qui doucement brille quand tout semble sombre. Ce lundi, après avoir pris mon petit-déjeuner face aux montagnes en cette matinée ensoleillée, une voix douce m’interpelle : « T’es français ? » On discute un peu le matin. Puis on rediscute le soir. Elle s’appelle Eugénie. Elle a les cheveux bruns, légèrement bouclés aux pointes, des yeux marron, des lunettes rondes foncées qui dessinent délicatement les contours de son visage, éclairé par un sourire d’une douceur naturelle. Elle a la trentaine, travaille dans le marketing au sein d’une société de logiciels pour les ressources humaines. Elle a quitté le quotidien le temps de vacances, explorant d’abord la douceur de la Polynésie, puis les paysages sauvages de Nouvelle-Zélande, avant de s’aventurer un peu en Asie. On échange sur nos vies, on se partage des conseils de voyage. Son histoire me passionne : elle aime son métier, suit ses envies, et a même écrit un livre. Cette passion, cette liberté, me touchent profondément. Le mardi, on est rejoints à table par un Turc super sympa. Eugénie s’en va le lendemain, mais avec elle ne s’en va pas le sourire qu’elle m’a redonné. C’est ça, les rencontres — de petites étincelles qui éclairent notre chemin et qui nous font avancer.