Leçon de vie à Queenstown

Je ne vois plus le temps passer. Un mois déjà que je suis à Queenstown. J’aime ma nouvelle vie ici. Je prends mon petit-déjeuner le matin face aux montagnes, tantôt enneigées, tantôt cachées par les nuages qui donnent l’impression qu’elles ont disparu. Je regarde les avions décoller et atterrir, au point que je commence à connaître les horaires de l’aéroport. Je fais mes courses, je cuisine. J’aime beaucoup cuisiner, tellement que ça m’a donné l’envie de me faire un petit livre de recettes pour consigner mes petits plats. Je vais à la piscine aussi. Je profite de ces incroyables paysages, et je me rappelle à quel point j’ai de la chance d’être là. Je n’ai pas de travail, pas d’appartement, pas d’amis, mais je suis plus que jamais heureux. Peut-être que c’est dans ces moments où rien ne semble aller qu’on peut vraiment trouver la paix ? C’est dans ces moments où on accepte tout ce qui nous arrive, que tout arrive. Ce mercredi-là, alors que je déposais de nouveaux CV dans les rues paisibles d’Arrowtown, je reçois un mail pour un entretien le jeudi. Un peu plus tard, comme porté par le même souffle de chance, on m’appelle pour un second entretien, lui aussi prévu le même jour.

Ce jeudi, ma première entrevue est à 10h30. C’est pour travailler dans la petite supérette du centre-ville. J’arrive un peu en avance. Le gérant est en train de réparer une étagère. Sa collègue m’accompagne à sa rencontre. Il ne me paraît pas très sûr de lui. Je le suis dans son bureau en passant par les coulisses du supermarché. Les entretiens ont ceci de beau qu’ils ouvrent des portes insoupçonnées : l’occasion de découvrir des lieux que l’on n’aurait jamais visités autrement, comme lors de mon précédent entretien, où j’avais eu la chance de voir les coulisses de la fabrication des glaces. On entre dans une pièce exiguë, sans fenêtres, le bureau en désordre. Trois questions, et l’entretien se termine. Sept minutes top chrono. Évidemment, je ne sors pas convaincu. Mais j’ai un autre entretien à 14 heures. L’hôtel est un peu à l’écart du tumulte de Queenstown, posé un peu plus haut sur les collines. L’ambiance est toujours aussi chaleureuse : une atmosphère de chalet, douce et accueillante, vraiment charmante. J’aime cet endroit, tout autant que la dernière fois où j’y suis venu. La manager est un peu en retard. On s’installe dans le restaurant, sur des fauteuils près de la cheminée. On prend le temps d’échanger, de se découvrir. Elle n’aime pas les entretiens classiques ; elle trouve ça inutile, et elle n’a pas tort. Elle est tellement douce et gentille. Elle vient d’Inde, est arrivée en Nouvelle-Zélande il y a vingt ans, et depuis, elle n’a jamais quitté Queenstown ni cet hôtel. L’entretien dure une trentaine de minutes. Pourtant, quelque chose m’échappe : j’ai la curieuse impression que tout est déjà décidé. Et en effet… c’était bien le cas. J’ai enfin un travail. Il suffisait d’accueillir ce que la vie offre déjà pour que les choses changent. Une nouvelle leçon de vie.

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