Des premiers pas, comme une nouvelle vie

Il est à peu près 14 heures heure d’Auckland (2 heures heure française) lorsque les hôtesses nous enjoignent de relever le volet des hublots clos au début du vol à leur demande pour le confort des autres passagers. La lumière naturelle m’éblouit avant que mes yeux ne s’y habituent, laissant place à un paysage aux mille nuances de bleu. La mer à l’horizon, le bleu du ciel qui semble refroidit au loin par l’Antarctique. Je suis à l’autre bout du monde. Dans cet impénétrable infini que donne cette première image, comme une métaphore, le champ des possibles. Au bout de plus de deux-mille kilomètres sans avoir survolé une once de terre, des morceaux de roches que l’on devine à l’horizon rompent l’incommensurable étendue de l’océan. A l’approche de la côte, déjà des paysages à l’eau turquoise et le vert intense de la végétation présagent de la beauté du pays. Puis, au loin, la ville se dessine (la chance d’être du bon côté de l’avion), et l’inévitable Sky Tower se laisse admirer en donnant l’impression que les autres buildings sont à ses pieds. Puis notre avion touche le sol. Puis mes premiers pas sur une terre inconnue.

L’euphorie passée, le stress face à l’intransigeance des autorités néo-zélandaises pour protéger leur île à la biodiversité unique. Pour pas grand chose au final. Le contrôle se sera arrêté à une petite question d’un agent des douanes et par la patte experte d’un chien renifleur en guise d’analyse de mes sacs. Heureusement n’a-t-il pas senti l’odeur de mon petit chaton Caramel (oui il a quinze ans mais ça reste mon petit chaton — lui qui n’a d’ailleurs jamais vraiment voyagé) laissé à des milliers de kilomètres de là. Les deux heures de bus pour rejoindre la ville ne m’auront jamais autant achevé, avec une correspondance au beau milieu de nulle part. Arrivé à l’auberge enfin pour me poser, mais en même temps déjà l’envie de découvrir. Je remets mes chaussures, et je file.

Le soleil couchant, les quelques nuages qui trahissent le bleu couchant du ciel se parent d’un magnifique rose. Au pied de la mythique Sky Tower, qui a illuminé un peu plus d’une semaine auparavant le ciel de la nouvelle année comme à chaque 1er janvier et fait ainsi débuter le marathon planétaire des passages à l’année suivante, me voilà bien petit face à ses trois cent vingt-huit mètres de hauteur. Je marche entre ces buildings dans lesquels se reflètent les couleurs du ciel. J’aime cette sensation de découverte, cette première fois, ces premières images dans un nouvel endroit. Quand je connais ensuite la ville, au coin d’une rue que j’avais prise cette fois-là, un brin hésitant, je me remémore mes premières pensées, mes premières impressions sur cet endroit. A Lille, comme à Copenhague, ce sera la même chose à Auckland. Mes pas me mènent vers les quais du port qui donne sur l’océan Pacifique. Je m’assois sur un banc à côté d’un arbre. Les dernières lueurs, les lumières de la ville qui s’illuminent doucement. Cette brise qui caresse mon visage. Cette sensation de me sentir en vie. L’air a un goût différent. Le cœur bat plus fort, plus juste. La voilà, la liberté.

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