Des moutons à Cornwall Park

C’est l’été. Le soleil déjà si chaud au matin, qui éblouit par son intensité. Et qui donne irrémédiablement l’envie d’en profiter toute la journée. Ce vendredi, j’avais envie de m’extirper un peu de la ville tout en profitant de ce beau temps. Quoi de mieux pour cela que Cornwall Park. Comme d’habitude, je prends le bus — il n’y a rien d’autre de toute façon ici à part quatre petites lignes de train — et me voilà au vert. Un grand panneau indique Cornwall Park. Je m’avance et je franchis le pas du portail qui verrouille l’accès au parc. Une large route avec de grands bas côtés à l’herbe bien verte, ponctués tous les dix mètres d’arbres imposants. Le grillage sur le côté sert d’enclos aux animaux. D’ailleurs, voilà de belles vaches marrons et blanches qui s’adonnent à leur activité favorite, manger de l’herbe. Elles en ont de la place pour elles, et beaucoup d’herbe encore à brouter. J’entends les insectes chanter. Les bruits de la nature. Je m’installe au bord de la route, sous l’ombre d’un arbre pour manger le sandwich que j’avais acheté au supermarché. Avant de prendre la route, je venais de rencontrer Esther, originaire de Chine, et qui s’était installée ici pour (être libre et) s’adonner à sa passion, la photographie. On avait commencé à discuter alors que je remplissais ma gourde au centre commercial. On avait prévu notre petit programme pour la journée, on s’était donc quittés après avoir pris notre casse-croûte. Reprenons là où l’on s’est arrêté, sous cet arbre où je mange mon pique-nique. A regarder ce paysage avec ces grands enclos pour animaux, ces larges routes et ces vieux arbres, je pense à la Californie. Non je n’y suis jamais allé, mais c’est assez bien l’image que je m’en fais.

Après cette pause, je reprends la route. Tout est si serein. Je marche environ deux cents mètres avant de m’arrêter devant un portillon qui permet d’entrer dans une petite forêt reconstituée de fougères endémiques. Les oiseaux volent dans et chantent dans cet espace ombragé par les grandes plantes qui y trônent fièrement. J’en sors au bout de quelques pas pour me retrouver sous une forêt de majestueux pins. Un peu plus loin, des moutons mangent de l’herbe. C’est la première fois que j’en vois depuis mon arrivée dans le pays réputer pour avoir six fois plus de moutons que d’habitants. Les couleurs de cette scène sont agréables, apaisantes. Les vieux chênes qui siègent au milieu font de leur cour de récréation un paradis. Sans savoir où je vais, je continue à marcher, je monte et voilà que l’obélisque de la One Tree Hill s’impose dans le paysage qui devient un vaste champ de paille des deux côtés de la route. Il fait bien chaud, sans l’ombre des arbres. La montée est rude, un petit oiseau à la tête jaune me surprend, posé sur le muret et si proche de moi. Je m’arrête, je le regarde, il me regarde. Il chante, quel beau chant. Arrivé en haut, je profite du panorama.

Si One Tree Hill porte ainsi ce nom (littéralement “la colline à un arbre”), c’est qu’autrefois un tōtara majestueux veillé sur la colline comme un gardien du temps. À la place désormais, un obélisque domine le paysage, hommage aux Maoris et à leur histoire. D’ici, la vue est imprenable : Auckland s’étend au loin, encadrée par le bleu scintillant de la mer et le vert infini des collines. Un vent léger souffle, chargé des souvenirs d’un passé qui ne demande qu’à être raconté. Je redescends petit à petit. Je fais une sieste sous de jolis pins. Déjà l’heure de repartir.

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